Natif de la région de Charlevoix au Québec, il vit et travaille maintenant à Montréal. À cinq ans, il aspire à devenir «mécanicien de poupées» ; il tente là de construire un pont à travers les codes des genres contraignants qu’on lui propose, de créer un monde de possibles artistiques entre le jeu, la sensibilité et la précision manuelle. Le coffre à bijoux de sa grand-mère éveille alors sa curiosité et son amour pour les objets colorés, uniques. Ces ornements mystérieux en apparence inutiles qui recèlent d’histoires, de symboles et de souvenirs, il les porte. Plusieurs à la fois. La fidélité qu’ont les porteurs envers eux le séduit. Les sons qu’ils émettent lorsqu’ils cognent la vie quotidienne, le charme. Le désir des pièces uniques et singulières, faites mains, est là.

Le théâtre occupant aussi une place importante dans sa vie d’artiste, il étudie comme interprète dans une école dont il est diplômé en 2005. Parallèlement à sa carrière d’acteur, il envisage plus concrètement la possibilité de créer des bijoux. En 2010, il entame un cours en joaillerie qui lui permet d’apprendre les techniques de bases de fabrication. Son identité artistique s’affirme de plus en plus et l’incite à réinterpréter ces techniques, les faire siennes, et à bousculer les codes du genre. S’il valorise le processus de fabrication, l’intégration d’un narratif, l’unicité de chaque bijou et la vérité, voire la spontanéité du geste, demeurent l’essence de son travail. Sa pratique libre confère à ses pièces une grande authenticité, un geste personnel et instinctif. S’éloigner des codes de la joaillerie classique le dirige vers un aspect sculptural de la matière, parfois ludique même, qui fait basculer l’inanimé dans l’expressif. Le rapport émotif au bijou, au centre de sa démarche, a dirigé sa production vers la pièce unique préférablement à la reproduction. Travaillant avec les pierres et métaux précieux, il accorde une attention particulière à leur provenance et conditions de minage, priorisant toujours l’éthique humaine et environnementale. La joaillerie est pour lui une forme d’art destinée à être portée, armoiries personnelles, une forme de beauté dans tout ce qu’elle a d’imparfaite, de fragile et d’étonnante. Ses bijoux sont fait de récits, intimes ou fictionnels. Ils racontent et portent des histoires.